De même, si Israël ne s’est pas rapproché d’une grande puissance, c’était notamment pour ménager le dirigeant soviétique Joseph Staline dans l’espoir qu’il ouvre les frontières de l’Union soviétique aux Juifs en route pour l’alya. En dépit des affirmations selon laquelle le soutien était simplement politique, les dirigeants à Paris étaient conscients que ces interférences comportaient aussi un volet militaire. Ce problème était d’autant plus épineux que l’armée française n’arrivait à pas mettre un terme aux activités de l’ALN sur le territoire algérien. Une première étape avait permis en 1963 à l'État hébreu d'obtenir un régime de tarifs préférentiels, avant la signature avec les instances européennes d'un accord de commerce global en 1964. Ainsi, entre 1974 et 1977, une série d’accords d’exploitation de gisements furent obtenus par la Compagnie française des pétroles et l’IPC à Bagdad. Le grand rabbin de France Jacob Kaplan dénonce ainsi la partialité de la France en faveur des pays arabes et remercie les États-Unis de leur solidarité, « Nacht und Nebel, nuit et brouillard, de sinistre mémoire, voilà ce qu’a connu, ce que connaît Israël. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le Prince Fayçal ben Farhan a affirmé qu'un accord de normalisation avec Israël serait "extrêmement bénéfique" pour le Moyen-Orient mais qu'il dépendait des progrès du processus de paix israélo-palestinien. Le 19 mars 2018, le ministère des Affaires étrangères israéliens annonce qu'un employé français du consulat général de France à Jérusalem a été arrêté pour contrebande des dizaines d’armes à feu de la bande de Gaza vers la Cisjordanie, à l'aide d'une voiture officielle[69]. En juillet, la monarchie irakienne était renversée par des officiers récusant le Pacte de Bagdad, tandis que des troupes américaines et britanniques étaient envoyées successivement à Beyrouth et en Jordanie. Bien que le président avait été ferme concernant l’existence d’Israël, il devait ainsi déclarer en 1977 que « le problème des droits naturels et légitimes d’Israël est un problème que j’ai toujours évoqué dans mes conversations avec les dirigeants des grands États arabes de la région ». Un civil français est tué lors de ce bombardement[15]. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France, qui venait à peine de retrouver sa souveraineté nationale, commençait peu à peu à perdre ses possessions en Orient. Dans ce contexte général, les relations franco-israéliennes subirent un accroissement de leur délitement. Un an après les événements contestataires de mai 1968, le président De Gaulle vint à démissionner après avoir essuyé un refus au référendum sur son projet de régionalisation et de réforme du Sénat. Cette politique résultait à la fois d’une perception romantique de la France et de son histoire et de considérations réalistes. Le général De Gaulle ambitionnait de voir son pays jouer le rôle d’avocat des pays décolonisés et de leurs intérêts, dans un monde ceinturé par les deux supergrands, à savoir les États-Unis et l'URSS. Ce renouveau de la politique arabe de la France vint progressivement à porter ses fruits en 1966, en effet à cette date, la plupart des pays arabes avaient rétabli leurs relations diplomatiques avec la France. Réélu en 1955, David Ben Gourion ne pouvait ignorer ces appels, ceci d’autant plus qu’à la Knesset, le parti Hérout concurrençait désormais la gauche par son discours sécuritaire. Cette amitié trouvait aussi son origine dans la francophilie de nombreux gradés et fonctionnaires israéliens. Ce taux augmenta par la suite durant la décennie. Quelques années plus tard, Yitzhak Shamir n’allait pas non plus mâcher ses mots sur ce dialogue euro-arabe, « Il existe un lien entre la position européenne et le terrorisme antisémite ». D’autre part, il était désormais privilégié une coopération qui s’étende à d’autres domaines, économiques et culturels notamment. Dans les faits, le président Valéry Giscard d'Estaing invita les hôtes de Matignon (gouvernements de Jacques Chirac et de Raymond Barre) à accentuer notamment les ventes d’armes dans les pays arabes. Le nouvel intérêt que la France porte au sionisme dans la période suivant la fin de la Seconde Guerre mondiale vient non seulement d'un sentiment de culpabilité vis-à-vis des Juifs mais aussi d'une certaine volonté d'opposition au Royaume-Uni en l'empêchant de dominer le Proche-Orient, après le retrait de la France du Liban et de Syrie. Selon un ancien cadre de la CIA L’accord Maroc-Israël, une menace pour la paix dans la région. Après plusieurs tentative infructueuses de saboter le projet, Israël décide de détruire ce projet industriel par des frappes aériennes. Bien que certains pays dont Israël condamnaient cet accord, la ligne officielle du gouvernement français était bien celle de diversifier la coopération avec les pays arabes sans qu'il soit question d'aider l’Irak à se doter d’armes nucléaires. Il faut cependant souligner que la victoire historique du Likoud aux législatives de 1977 ne fit rien pour contribuer au renouveau des relations entre les deux États. Ainsi, si les importations de la CEE en provenance des pays arabes avaient connu une hausse considérable de 1969 à 1977, les exportations communautaires vers ces mêmes États ont, eux aussi, fortement augmenté entre 1973 et 1978, bien que se concentrant sur les pays pétroliers. Mais Israël n’est pas la Tchécoslovaquie et il n’y aura pas de Munich au Proche-Orient ». En dépit de quelques incidents, les contacts entre les capitales étaient donc assurés. La nouvelle ligne stratégique du général de Gaulle était fondée sur une triple constatation : des États arabes n'étaient pas encore inféodés aux Soviétiques ou aux Américains et pouvaient donc être sensibles à l'influence française, la France devenait de plus en plus dépendante de son approvisionnement en hydrocarbures et les marchés arabes ouvraient des perspectives intéressantes à l'économie française[1]. Cependant, on ne pouvait pas encore parler à l’époque d’une véritable alliance, cette dernière devant se constituer de manière progressive. Ces divergences sont telles que Nicolas Sarkozy aurait conseillé à Benyamin Netanyahou, lors de sa visite à Paris en juin 2009, de modifier sa politique, voire, selon certaines sources, de se « débarrasser » de son ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman pour le remplacer par Tsipi Livni[42]. De plus en plus sensible aux incursions des fedayins ainsi qu’à l’isolement du pays, la population israélienne et sa classe politique réclamaient des mesures de la part du gouvernement. »[59]. alors que sur le front israélo-arabe, les négociations de paix vinrent à devenir un quasi-monopole américain. Parallèlement, plusieurs milliers de techniciens et d'enseignants furent envoyés dans le monde arabe. J’en viens à me demander si cette solitude et ce silence ne s’expliquent pas par le retour de la nuit dans les esprits et dans les cœurs en plein vingtième siècle »[12]. Au Proche-Orient, le retour de la France n’en fut pas moins des plus prudents en raison des ressentiments laissés par la crise du canal de Suez. En même temps, cette même compagnie conservait ses positions à Abou Dabi ou en acquérait de nouvelles. En vertu des accords dits d'Abraham, quatre pays arabes -Emirats arabes unis, Bahreïn, Maroc et Soudan- ont accepté en 2020 de normaliser leurs relations diplomatiques avec Israël. Conseillé par des spécialistes de la région comme le ministre Maurice Couve de Murville, le général de Gaulle multiplia les envois d’émissaires et les entrevues auprès des capitales arabes. Pour la France, ce lien lui permettait théoriquement de faire pression sur l'Égypte qui aidait le FLN algérien. Israël était exclu du monde arabe et d'une certaine manière de l'Occident. Le chef de l’État avait aussi donné pour mission à son gouvernement de dénoncer l’attitude de l’État hébreu devant l’Assemblée nationale ainsi qu’à l’ONU. Annexe IV. Dans ce contexte, les relations franco-israéliennes étaient marquées par une méfiance mutuelle. Toutefois, le point faible de cette stratégie méditerranéenne tenait cependant dans le maintien d’un statu quo territorial et dans l’absence d’un nouveau conflit armé entre Israël et ses voisins. Dans cette logique, les ventes d’armes furent principalement ciblées sur les pays pour lesquels la France entendait ancrer davantage ses importations en hydrocarbures, l’Arabie saoudite et l’Irak. - Le cercle des intimes - Orateur né, pugnace, Benjamin Netanyahu est aussi diplomate de carrière. En réalité, fussent-ils nécessaires et impératifs, ces approvisionnements pétroliers posaient néanmoins un risque de déficit important dans la balance commerciale : le poids de la facture énergétique. Or, avec le pacte de Bagdad, Paris était d'une certaine manière exclu du jeu d'influence de ses partenaires occidentaux. En effet, en cas de guerre, la France ne craignait pas pour la survie de l’État hébreu du fait de sa supériorité militaire, mais elle serait obligée de se désolidariser de l’État ou du groupe de nations qui prendrait l’initiative des hostilités. Dans la mesure où ils le souhaiteraient, la France serait disposée, comme elle l’a déjà fait, à leur fournir les matériels dont ils estimeraient nécessaire de se doter. Y. Shamir sera même évacué par les autorités françaises vers Paris où il résidera jusqu' à la création de l'État d'Israël, en 1948. De son côté, Benyamin Netanyahou a invité le président français à se rendre en Israël[68]. Alors que cette dernière attendait ses premières livraisons, Shimon Peres et David Ben Gourion négociaient désormais ouvertement des achats massifs d’armes à la France. Cette expédition militaire devait porter un coup au régime de Nasser sous le couvert de la reprise d'une institution internationale, reconnue depuis 1888 par la convention de Constantinople. Le rapprochement a été facilité par plusieurs événements importants comme la mort de Yasser Arafat le 11 novembre 2004, la visite officielle d'Ariel Sharon à Paris en juillet 2005 et le retrait de Gaza en août 2005[23]. Par la suite, le président français a critiqué, lors de propos confidentiels, le premier ministre israélien en estimant que Benyamin Netanyahou avait « transformé cette cérémonie en meeting électoral » et qu'il n'avait donc pas été « correct »[44] en politisant[45] ce moment de concorde nationale[46]. L’ambiguïté de la politique gaulliste reposait donc sur un équilibre entre des intérêts arabes et israéliens. Israël partage ses frontières avec le Liban au nord, avec la Syrie au nord-est, la Jordanie et la Cisjordanie à l’est, et avec l’Égypte et la bande de Gaza au sud-ouest. D’une part, ces ventes ne se sont pas limitées à ces deux pays mais elles furent les plus significatives de la politique globale menée par la France. En ce qui concerne les Israéliens, ils avaient réussi à se désenclaver diplomatiquement et militairement et n’étaient plus exclus des jeux d’alliances eu égard aux liens soutenus entretenus avec la France. Le président Giscard privilégiait ainsi le fait d’inciter l’OLP à devenir un interlocuteur valable à tout processus de paix. Cet appui transitant via la Libye eut pour effet de tendre les relations avec la France. François Hollande a déclaré dès son arrivée en Israël : « Lorsque la France défend ses positions dans les discussions qui sont en cours, c'est bien sûr en prenant en compte ce que vous exprimez vous-mêmes mais c'est en ayant aussi conscience que c'est l'enjeu pour la planète. Substituant la coopération arabe aux défuntes « amitiés atomiques » avec Israël (appui à la construction de la centrale nucléaire de Dimona), la logique du président fut énoncée par un communiqué du ministère des Affaires étrangères en 1978 : « [l]a vente d’un réacteur de recherche à l’Irak s’inscrit dans notre politique de coopération avec les pays désireux de bénéficier des applications pacifiques de l’énergie nucléaire ». À ce sujet, il convient de citer le courant grandissant et favorable à une reconnaissance de l’OLP par la classe politique française ainsi que dans son action au niveau international. Afin de garantir ses besoins en hydrocarbures du point de vue des quantités et de la modération des prix, Paris favorisait la multiplication des contacts entre les entreprises françaises et le secteur pétrolier arabe. Elle avait adopté une politique d'ouverture avec le monde arabe qui lui avait permis de moins souffrir que ses partenaires américains et néerlandais du choc pétrolier (décision prise le 17 octobre 1973, lors d'une réunion de l'OPAEP), tout comme elle faisait sienne l'idée d'un État d'Israël vivant dans des frontières sécurisées mais soumises à un accord de paix. Le gouvernement israélien espérait par conséquent un resserrement significatif des relations bilatérales sous sa présidence[16]. S'il maintient des propos durs à l'endroit du leadership palestinien, M. Netanyahu a défendu la normalisation récente des relations avec des pays arabes (Emirats, Bahreïn, Soudan, Maroc) et rêve de l'étendre à l'Arabie saoudite. Cependant, des auteurs ont souligné que Ben Gourion considérait la France comme un « second choix » après les États-Unis[9] et que l'alliance franco-israélienne, dont la vocation était de combattre un ennemi commun à un moment donné, était une « alliance de combat »[3]. Premièrement, la France est « fille aînée de l'Église », qui se préoccupe du sort de Jérusalem et des Lieux saints. Le déclenchement de la Seconde intifada a provoqué une rapide dégradation des relations franco-israéliennes[13]. Partagé entre des amitiés soviétiques et la doctrine Eisenhower, le jeu d'alliances laissait peu de champ à l’action française et ce d'autant plus que les interventions militaires de ses alliés avaient eu lieu sans grandes concertations et que ces derniers montraient peu de soutien dans le problème algérien. Les dirigeants des firmes nationales d’armements et leurs relais politiques encourageaient ce type de commerce. Le fait même de la présence d'un million de colons français renforçait l'idée du maintien du territoire dans le giron national. Signé conjointement en 1955 par le ministre de la Défense Pierre Kœnig et le ministre des Affaires atomiques Palewski, l’accord avec l’État d’Israël fut maintenu dans le plus grand secret alors qu’en 1958, la France avait officiellement déclaré avoir cessé toute collusion avec les atomistes israéliens travaillant au sein de la centrale nucléaire de Dimona. Le fait qu'une partie des architectes de cette alliance se soient maintenus au pouvoir, ainsi que dans les différents niveaux de l’état-major, contribua à ce statu quo.